Je me rends compte que je lis rarement des romans intelligents. Surtout en ce moment où je suis plongée dans la mare sans fin des romans pour ados (les soi-disant young adult novels, mais on sait bien que ça s’adresse plus au 14-16 ans qu’au 18 ans et plus x’D). Du coup, j’ai eu envie de parler un peu de ce genre, surtout avec la sortie de The Giver aux Etats-Unis demain,15 août. J’ai l’impression que dans notre siècle, c’est celui qui a le plus progressé, ou du moins qui s’est le plus étendu. De la simple histoire de vie à l’anticipation ou à la dystopie (Hunger Games, Divergent, en voici en voilà), tous les coups sont permis pour tenter de faire vendre. Je vais principalement me concentrer sur la dystopie, c’est celui qui m’intéresse le plus à mi-chemin entre anticipation et post-apocalyptique.
(Pour chaque série, cliquer sur l’image pour obtenir le résumé sur Amazon :’p. J’incite à la consommation, bien sûr.)
Enclave d’Ann Aguirre : Le public visé, je le sens encore plus jeune que dans les autres. Du même niveau que La 5e Vague mais on y reviendra. En trois volumes, probablement la série que j’ai la plus appréciée pour le moment. L’héroïne n’est pas détestable. Elle adore APPRENDRE des choses. Oui, ça change tout. Ça change des héroïnes qui croient qu’elles ont la science infuse et qu’elles ont tout compris du premier coup. Il est possible de faire des erreurs. Errare humanum est après tout… Trèfle (oui, bon, les traductions sont étranges car en VO elle s’appelle Deuce…) est une gamine qui est réaliste, le monde n’est pas forcément comme elle le croit. Mais quand le moment sera d’agir, sa volonté de changer les choses et de faire le bien prendront le dessus. Forcément, on a besoin d’une héroïne. Et d’une romance. Merci pour la présence de Del (Fade en VO, allez savoir). Un ado qui croit avoir tout compris en revanche. Après, arrive un triangle amoureux (plus ou moins), mais les personnages secondaires sont forts, ils évoluent au fur et à mesure qu’ils mûrissent, vraiment sympa. C’est plutôt violent (dans quelques chapitres du premier tome, j’ai failli voir des scènes de La stratégie Ender où ils ont 7-8 ans pour dire…), le monde dystopique ne dispose pas d’une technologie avancée, au contraire, il s’agit plutôt d’un retour dans le passé. En plus, ça change des pseudos huis-clos où ils sont enfermés dans leur foutue ville. Au moins, ils bougent (et il y a un beau message). Alors oui, le style n’est pas extraordinaire comme on peut s’y attendre dans ce registre, mais l’histoire est plutôt bien ficelée. Gros problème de traduction, en français on a gardé « Enclave » comme titre pour la série, mais normalement en VO ça s’appelle « Razorland » et le premier tome « Enclave »… bonjour la confusion. Et bien sûr, comme tout produit commercial, on augmente les volumes, du coup, il y a un 0.5, un 1.5, et un 2.5 qui sont sortis…
L’épreuve de James Dashner. Trilogie encore une fois, dont le premier tome Le labyrinthe va bientôt sortir sur nos écrans à la fin de l’année. Le titre annonce la couleur. On tourne en rond. Très sérieusement. En finissant, ma réaction a été « tout ça pour ça ? ». C’était assez décevant. En plus, vu qu’on est balancés tout d’abord dans le labyrinthe puis dans des autres endroits expérimentaux, on ne connait jamais vraiment l’univers du bouquin, ce que je trouve extrêmement dommage. Puis il n’y a aucune cohérence nulle part. Tout est super facile. Les méchants ont de la technologie hyper avancée incompréhensible pour tous les ignorants. Les victimes ignorantes ne peuvent se fier qu’à leur instinct et bien sûr à leur chef en la personne du héros car il est tout simplement spécial même si on ne comprend pas vraiment pourquoi. Des tonnes de blabla pour revenir au point de départ le tome d’après. Tout ce qui est construit est démonté, et ça m’a vraiment frustrée à des moments. Et le fait que la suite de l’histoire ne se passe pas exactement comme je le souhaite aussi, ça joue je suppose x’). Après, visuellement, c’est assez original, les éléments « originaux » sont très bien décrits et on a une belle idée précise de comment ils sont. Mais ce qui est mal expliqué, c’est la technologie et le « pourquoi » autour. Et désolée, mais c’est ce que j’attends d’un bouquin… Car si ce n’est pas expliqué, ce ne le sera jamais. Niveau style, je le mets un cran au-dessus d’Enclave, mais niveau intérêt, bien en-deçà… même si ça faisait plaisir de voir un héros masculin à nouveau. D’accord, il y a une préquelle à la trilogie (sortie postérieurement bien sûr), que je n’ai pas lue, mais elle donne plus d’informations sur le monde en général… mais ça n’empêche que c’est trop passé sous silence.
La 5e vague de Rick Yancey : Seul le premier tome est paru pour le moment, je vais donc juste commenter le premier. Bon, l’héroïne est très chiante. Je crois qu’elle est pire que Katniss dans le genre. Hyper pessimiste dans ses propos mais hyper positive dans ses actes (elle n’abandonne jamais, elle a toujours son objectif, elle tente de résoudre les chose), c’est donc un peu paradoxal. Toujours à ouvrir sa bouche et à remettre tout en cause. Je ne dis pas non plus qu’il faut tout accepter… mais il y a une frontière entre les deux. Tout le bouquin repose sur cette opposition, c’est ce qui le sauve de la médiocrité. Les humains ont été envahis par des « aliens » qui ont pris possession de leurs corps mais en les occupant, pas en les éradiquant. L’histoire d’amour est niaise au possible, et ce qui la rend encore plus lourde, c’est qu’elle n’est pas insérée au long des chapitres, non, il y a des chapitres entiers consacrés à la romance… Le point original du livre, c’est l’enchaînement de points de vue (à la Everworld, vous vous rappelez de ça x’D ? C’était vraiment chouette… *nostalgie*) totalement déséquilibré malheureusement, ce qui rend la lecture assez désagréable, ou du moins, bancale. On dirait que le bouquin est mal construit. Mais bref, l’idée principale est que les humains sont les ennemis comme les alliés, c’est l’intérieur qui compte, blabla. Les personnages ont encore du chemin à faire pour se rendre attachants. Encore un livre qui va être adapté à l’écran pour 2015 je crois, ou alors le tournage commence en 2015. Et le pire, c’est que la suite n’est pas encore sortie, alors je laisse imaginer les futurs films…
Le passeur de Lois Lowry : Qui n’a pas lu ce bouquin au collège, ou un peu plus tard ? Je me rappelle encore de mon édition L’école des loisirs (que j’avais dû emprunter à la bibliothèque car impossible de le retrouver dans mes étagères x’). J’en ai profité pour le relire en VO cette fois-ci (d’ailleurs, c’est l’un des titres VF que je trouve le mieux traduit), avant la sortie du film (oui, encore un) avec la suite que je n’avais jamais lue… On dit souvent que c’est l’un des précurseurs, le premier roman dystopique du genre young adult. Et c’est peut-être vrai… Il remonte à 1993 et il s’agit d’une tétralogie (je n’ai pas lu le 4e tome, je ne savais même pas qu’il y en avait un à vrai dire, sorti en 2012, je vais le lire du coup…). Ce qui m’a le plus touchée, c’est la profondeur et l’empathie de cette série. Et c’est ce dont je me souviendrais le plus, sans doute. Pas des règles (qui me font forcément penser aux factions de Divergent), ni les personnages, mais juste ce sentiment d’empathie… Le désespoir humain qui mène à l’espoir. Pas besoin de violence gratuite, non, l’horreur a bien des visages. Ce sont des gamins encore une fois, mais qui sont simples. Ils sont spéciaux, c’est ce qui en font des héros, et c’est ce qui est agréable. Pour une fois ils ne rechignent pas. Ils veulent faire la différence (c’est ce que j’ai apprécié dans Enclave également) grâce à leur talent. Et quelque part, ce sont encore des enfants innocents à qui on ouvre les yeux. Parfois, j’ai l’impression que tous les héros/héroïnes actuels ont déjà connu toutes les atrocités du monde et qu’ils sont en rébellion permanente… Je suppose que c’est ce qui m’attire le plus là-dedans, la simplicité. L’authenticité. Et l’empathie :’). Au final, il y a quelques de nombreuses questions non répondues, et l’histoire est très basique (et peut-être trop gentillette), mais ce n’est vraiment pas dérangeant.