Toute la mini-série.
Avant toute chose, j’ai assez aimé cette mini-série. Malgré ses défauts, elle réussit à accrocher le spectateur jusqu’au bout. Plutôt directe, elle jette ses personnages aux loups pour les faire juger, et nous, spectateurs puissants que nous sommes, ne mâchons pas nos critiques. Je ne m’y connais pas du tout en éducation, certes, mais comme tout un chacun, j’ai une vision de « bien élever ses enfants » (pas les miens, soit). Et Dieu que cette série remet tout en cause. Globalement, c’est chouette que la série soit australienne, puisque l’auteur du livre Christos Tsiolkas l’est et qu’il a placé son histoire dans son pays, avec ses propres racines. En plus, la série respecte relativement bien l’œuvre originale avec les différents « chapitres » et points de vue, et malgré ça, ce n’est pas redondant du tout.
Déjà, l’histoire, la problématique de base est plutôt intéressante. Est-ce qu’un adulte peut décemment donner une gifle à un gamin qui n’est pas le sien ? Ça vous rappelle peut-être le fait divers en 2010 quand un maire a giflé un gamin. Violences, humiliation, outrages… Bref, beaucoup de bruit pour ce qui est certainement une erreur humaine mais aussi de base, une mauvaise éducation. Dans The Slap, à l’occasion de l’anniversaire d’Hector, quadra Grec, un petit barbecue familial avec des amis proches s’organise. C’est là qu’arrive le drame, son cousin, père d’un ado, gifle le fils de 4 ans d’un couple d’amis. Cris d’effroi, prises de positions, faut-il soutenir la famille, est-ce inhumain de frapper un enfant etc. ? Le spectateur est partagé entre le devoir familial et l’amitié raisonnable. Tout s’enclenche, les poursuites juridiques, la révélation de cadavres, ce qu’on croit mais qui est faux… En fait, ça pourrait arriver à n’importe qui. Votre voisin. Vous.
La panoplie de personnages est pertinente. Mariage mixte avec le choc des cultures, différentes générations, familles VS célibataires, la série joue sur les oppositions pour faire réfléchir. Et le choix d’avoir présenter en « un personnage par épisode », ça permet bien d’avoir le point de vue de chacun grâce à la voix off. Le monologue intérieur définisse les personnages. Il est vrai que les clichés vont bon train là-dedans, mais en même temps, quoi de plus probant que des clichés pour raconter une histoire des plus banales ? Gros coup de cœur pour Anouk, joué par Essie « Miss Fisher » Davis (malgré un visage refait impressionnant) qui a le seul point de vue un peu sensé de tout ce drame. Les acteurs sont vraiment bons dans l’ensemble, que ce soit l’habituelle mono-expressive Melissa George (dont le personnage de la mère de la victime est juste barbant) ou le parpaing Jonathan LaPaglia (dont je me rappellerais toujours dans 7 jours pour agir), et de belles révélations.
Alors oui, il y a beaucoup de défauts, une histoire qui avance lentement qui engendre des épisodes où on s’ennuie presque (de 50 minutes en plus), des scènes de sexe absolument inutiles qu’on a envie de sauter, des lieux communs en voici en voilà, mais au final, on reste bien immergés jusqu’à la fin. On reconnait bien le style australien avec des gros plans silencieux, des scènes vides, un bruit de fond répétitif pour amplifier l’aspect contemplatif, ça correspond bien à la série. J’ai commencé le bouquin au même moment que la série, je l’ai terminé plus tard, et bien sûr, malgré des divergences (surtout pour le personnage d’Aisha qui est censée être indienne huhu, mais bon, vu la prestation d’Okonedo, tout est pardonnable), c’est plutôt bien adapté. Le seul gros point positif dans le livre c’est qu’ils n’ont pas l’air tous d’être des idiots lorsque le narrateur exprime leurs pensées. Mais oui, je regarde très peu de séries australiennes, mais je pense que celle-là mérite sa renommée.